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TTG, Toulouse Territoires Garonne

Toulouse territoires Garonne, Nouveaux modes d'habiter

Responsable scientifique : Rémi Papillault, architecte, docteur en histoire EHESS, professeur ENSA de Toulouse, HDR rattaché à l'ED TESC

Direction scientifique LRA :

Implications au sein du LRA

Recherche publiée :

Toulouse Territoires Garonne, Habiter en bord du fleuve
Auteur :
Rémi PAPILLAULT (dir), Enrico CHAPEL, Anne PÉRÉ
N° ISBN : 978-2-8107-0209-1
PRIX : 28.00 €
Format et nombre de pages : 16 x 32 cm - 304 p.

Objet scientifique

Cette recherche explore la métropole toulousaine autour du fleuve Garonne, de la confluence Ariège jusqu’à la confluence de l’Hers et de la Save à Grenade-sur-Garonne. Trente-six kilomètres de fleuve pour tenter de comprendre les nouvelles questions qui se posent à nous sur la grande échelle de la ville contemporaine en partant de l’hypothèse que la majeure partie de ce territoire défini comme inconstructible par le Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI), peut être un lieu porteur de nouvelles manières d’habiter et que sur les rives du fleuve se dessine des territoires majeurs de la ville de demain. La Garonne nous permettrait donc de penser une architecture du territoire à la grande échelle.

Terrain d'étude

Une quarantaine de kilomètre le long du fleuve Garonne dans la traversée de la métropole toulousaine.

Partenariat

  • LERNA Toulouse : Francesco Ricci, Enseignant-chercheur en sciences économiques, docteur de l’université de Toulouse 1 CIEU-LISST / Université de Toulouse le Mirail : Fabrice Escaffre, Docteur en aménagement et urbanisme, maître de conférences, UTM.
  • INSA Toulouse : Luc Adolphe, ingénieur, professeur Département Génie Civil.

Experts chercheurs invités :

  • Marie-Christine Jaillet, CIEU-LISST / UTM.
  • Christophe Girot, Département Architecture ETH, Institut fur Landschaftsarchitektur, Zurich.
  • Enrico Corti, Giovanni Battista Cocco, Laboratoire architecture ville, Ecole d’Architecture de Cagliari.

Experts invités :

  • Philippe VALETTE, géographe, docteur, Université de Toulouse
  • Jean-Michel CAROZZA,
  • Paola VIGANO, architecte-urbaniste, docteur, Studio 10, IUAV, Venise
  • Yannis TSIOMIS, architecte-urbaniste, docteur d’Etat, ENSAPLV
  • Sophie PAVIOL, docteur, ENSA Grenoble
  • Laurent DEVISME, docteur, ENSA Nantes


Financement

Dans le cadre de l'appel à projets de recherche : L’architecture de la grande échelle (AGE). Quatrième session.

  • Ministère de la Culture et de la Communication, Direction de l’Architecture et du Patrimoine
  • Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire
  • Ministère du Logement, Direction générale de l’Aménagement du Logement et de la Nature


Période de réalisation

de janvier 2008 à décembre 2011.


Résultats (à la date de fin décembre 2011)

Lorsque nous avons commencé notre recherche « Toulouse Territoires Garonne », nos premières idées s’appuyaient sur le constat partagé de l’extension des villes dans le monde et sur celui plus spécifique de Toulouse. Les nouvelles mobilités, l’étalement pavillonnaire, la rurbanisation, les résidences sécurisées, sont autant de phénomènes qui obligent à penser Toulouse autrement. Comment projeter ses grands territoires ? Jusqu’où fonctionnent les schèmes d’analyse hérités du passé et les outils canoniques du projet urbain ? Notre hypothèse était qu’on peut s’adosser à la figure territoriale du fleuve qui traverse l’agglomération entière, figure physique ancrée dans la géographie et dans l’histoire du pays. Le rapport du fleuve aux urbanisations permet d’identifier de nouveaux modes d’habiter que les professionnels peuvent étudier pour imaginer des dispositifs architecturaux et urbains contrecarrant la dispersion urbaine. Nous avons donc défini un territoire longiligne d’une quarantaine de kilomètres, allant de la confluence Ariège/ Garonne, au Sud, à la confluence Save/Garonne, au Nord, au-delà des limites de la communauté urbaine. Sur ce territoire, nous avons mené deux types d’exercices complémentaires dans un souci constant d’allers et retours : des analyses et des projets testant plusieurs échelles spatiales. Les analyses ont été organisées autour de cinq thèmes majeurs : les temporalités urbaines, les processus d’aménagement des sites fluviaux, les risques des catastrophes liées aux inondations, le rapport ville/nature typique du paysage fluvial et, enfin, le fleuve comme support d’usages sociaux économiques (navigation, pêche, industrie, agriculture, loisirs, promenades, etc.). Transversalement à ces approches thématiques, se posait la question de la représentation cartographique (mais pas seulement…) d’un territoire sensible en s’appuyant sur les notions de révélation et d’intensification du « déjà-là », en jouant sur les rapports d’échelles « échantillon – totalité », en analysant les modes de déformation de la ville contemporaine autour du fleuve et tout particulièrement les modes de retournement des fronts de ville vers le fleuve. Cette dernière question de morphologie urbaine a été tout particulièrement traitée dans le cadre des expérimentations réalisées à travers le projet : tentatives et échantillons d’un devenir possible.

La recherche s’est déroulée en plusieurs temps :

1) La connaissance du territoire autour d’une série d’interventions de spécialistes de questions territoriales, et/ou fluviales, et/ou du fleuve Garonne. Archéologues, économistes, anthropologues, plasticiens, historiens, ingénieurs, géographes, architectes, urbanistes, paysagistes sont venus témoigner de différentes façons de regarder ce territoire et ont accepté de discuter autour des hypothèses de recherche que nous avions formulées.

2) La cartographie de la grande échelle, Yannis Tsiomis, Sophie Paviol, Paola Vigano, Laurent Devisme ont accepté de participer à un cycle de conférence sur la représentation cartographique des projets de grands territoires.

3) Le séminaire « Territoire Garonne », ENSA de Toulouse (4eannée) avec un temps d’analyse sensible du territoire, un temps d’élaboration cartographique et un temps de recherche sur 14 thématiques liées à la question du fleuve.

4) L’atelier de projet « Territoire Garonne », ENSA de Toulouse (5e année), où des groupes d’étudiants ont réfléchi par le projet à l’inscription d’un équipement majeur, puis d’un quartier d’habitat entre noyaux urbains existants et fleuve intégrant la question des risques, développant des stratégies de résistance aux crues.

5) La rencontre avec les acteurs de la gestion du fleuve et de son devenir. La publicité faite autour des différentes manifestations nous ont fait rencontrer différentes personnes, d’autres se sont tenus plus à distance que ce que nous attendions. La communauté urbaine de Toulouse, dont le projet territorial inclut l’ « axe Garonne » comme un enjeu majeur, est venue rejoindre le groupe d’acteurs associés. Nous avons notamment présenté le résultat de nos recherches lors d’une exposition à « La fabrique urbaine », site géré par la communauté urbaine du Grand Toulouse.

6) L’atelier de découverte et esquisse de projet territorial (octobre 2010), intensif commun des projets de 5e année et des séminaires de 4e année réunissant plusieurs sensibilités et approches pédagogiques de l’école.

De ce long parcours qui a duré deux ans, quelques pistes de réflexions peuvent être énoncées en guise de conclusion.

  1. Le système géographique du fleuve est le support actif d’une nouvelle urbanité inscrite dans des rapports ville/nature régénérés, où se lient la conscience de la grande échelle et de la solidarité intercommunale avec celle de l’ancrage dans un territoire local. Les inondations, leur mémoire et leur médiatisation, ne conduisent pas uniquement à de nouvelles réflexions sur les précautions techniques nécessaires. Elles définissent en même temps un « territoire en creux » dont les aspects morphologiques et paysagers annoncent des formes urbaines inédites et l’invention de nouveaux modes d’habiter.

  2. Si l’approche géohistorique reconnaît dans le paysage fluvial quatre « enveloppes longiformes » (le paysage du lit mineur et des berges immédiates, le paysage de la plaine inondable, le paysage des terrasses et, enfin, le paysage de la vallée fluviale), notre recherche révèle la place majeur que tient le paysage du lit intermédiaire (celui des crues fréquentes) et de ses limites dans la configuration des dispositifs architecturaux et urbains du bord de fleuve.

  3. C’est par rapport aux trois lits du fleuve (le lit mineur, le lit intermédiaire et le lit majeur) et dans un dialogue complexe et articulé entre la topographie des terrassements hors eau et le tressage des méandres du fleuve, que s’organisent les usages diversifiés et les formes urbaines de ce territoire (noyaux villageois, cheminements, circulations, zones résidentiels ou d’activités, parcs de loisirs, etc.), selon un système de coupures en bandes longitudinales liées par de petits cheminements traversant la plaine inondable d’est en ouest et d’est en ouest.

  4. Ce système est annonciateur de deux formes urbaines alternatives à la ville étalée : celle d’une « ville lanière » et celle d’une « ville archipel » que nous proposons comme nouvelles figures identitaires des territoires de la Garonne. Dans les deux cas, il s’agirait d’inventer un lien inédit entre la ville et la campagne de proximité.

  5. A l’échelle locale, celle de la limité de la frange urbaine prise entre inondations régulières (lit intermédiaire) et inondations exceptionnelles (lit majeur), trois grandes postures de projet ont été testées et pourraient être renforcées dans le cadre d’une recherche à venir. La première consiste à protéger les zones urbanisées par des lignes résistant à la divagation des eaux (digues, remblais, etc.). Ces lignes sont conçues comme des éléments structurant les quartiers d’habitation, lorsqu’elles ne sont elles-mêmes habitées (digue balcon, etc.). La deuxième posture privilégie le « retournement » des fronts villes vers le fleuve à travers des dispositifs faisant « façade » ou des dispositifs en peigne. La troisième posture a à faire avec l’idée d’une ligne urbaine continue en lien avec la nature (promenades en bord de fleuve, corridors écologiques, etc.).