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Matériaux de constructions biosourcés, ressources agricoles et forestières. Etat des lieux, prospectives et propositions à l’horizon 2030-2050

Le projet TERRACREA à permis de modéliser les besoins du secteur du bâtiment en matériaux biosourcés et les ressources agricoles et forestières mobilisables à l'horizon 2030 / 2050. Il propose des stratégies de gestion des ressources et pointe les risques de conflits d'usage des terres arables.

 

Introduction

Le projet d’étude TERRACREA a pour but d’estimer l’impact économique, sociétal et environnemental de la production et de l’utilisation des agro-ressources dans le domaine des matériaux de construction. Les principales ressources agricoles et forestières utilisables et les principaux besoins en matériaux biosourcés dans la construction y sont estimés aux horizons 2020 et 2050. Des stratégies de production agricole, forestière et d’utilisation de coproduits pour le bâtiment qui n’entrent pas en concurrence avec l’alimentation et les usages usuels sont proposées. Il s’agit de vérifier à quelles conditions la construction et la réhabilitation écologique, utilisant des matériaux biosourcés peuvent être compatibles avec un aménagement du territoire et une agriculture durable, sans susciter un recours excessif à l'importation.

TERRACREA est née d'un partenariat entre le Laboratoire de Recherche en Architecture de Toulouse (LRA) et l'association les Amis de la Terre pour la durée de 2 ans du programme de l’étude. Sur les questions agricoles et utilisations des terres nous travaillons en étroite coopération avec l’association Solagro à Toulouse, auteur du scénario Afterres, dont le chapitre Agriculture et biomasse fait partie du scénario Négawatt (Négawatt, 2012).

Objectif du projet TERRACREA

Face aux objectifs fixés par les lois de Grenelle 1 et 2 (baisse des émissions de gaz à effet de serre, rénovation thermique des bâtiments et baisse de la dépendance énergétique de la France), le besoin en matériaux à faible impact sur l'environnement se fait de plus en plus sentir. De plus, les lois de grenelle 1 et 2 encouragent leur utilisation. Le Commissariat Général au Développement Durable, dans son rapport Les filières industrielles stratégiques de l’économie verte a identifié les filières « vertes » de matériaux de construction et propose des pistes d'actions pour leur développement (CGDD-SOes, 2011).

Parmi les matériaux les plus intéressants du point de vue de leurs impacts écologiques on trouve les matériaux biosourcés, et notamment ceux d'origine agricole et forestière (bois, paille, chanvre, lin, etc.). Des pistes d'actions pour le développement des éco-matériaux identifiés par le CGDD d'une part, et les Amis de la Terre dans leur rapport Les éco-matériaux en France, (ATF, 2010), d'autre part, sont :

·         Une meilleure représentation des professionnels des éco-matériaux ;

·         Un développement économique de la filière, notamment via l'appui des collectivités territoriales au développement des filières courtes ;

·         Une adaptation du cadre législatif et réglementaire, ainsi que du système qualité français impliquant une amélioration des évaluations des éco-matériaux ;

·         Une évolution des aides ciblées conditionnées à l'utilisation des éco-matériaux auprès de la demande (particuliers, collectivités locales, etc.) ;

·         Une meilleure information sur l'offre en éco-matériaux.

Face au développement des filières des éco-matériaux, il nous paraît aujourd'hui incontournable de veiller à ce qu'un développement des matériaux biosourcés, ne se fasse pas au détriment d'une agriculture et sylviculture soutenable, de l'équilibre de la production alimentaire du pays, et de l'aménagement du territoire métropolitain.

Plus précisément, nous ne pouvons pas nous permettre de risquer de tomber dans le piège des agrocarburants et de voir s'installer une concurrence dans l'utilisation des terres françaises entre l'alimentaire, les agrocarburants, la production d'énergie (par la biomasse) et maintenant les agro-matériaux. Nous souhaitons ainsi par cette étude vérifier que nous pouvons sans risque impulser un développement des matériaux biosourcés en France.

Intérêt sociétal du projet de recherche TERRACREA

L'utilisation des éco-matériaux pour la construction et la réhabilitation de bâtiments présente plusieurs intérêts pour la société :

·         Le développement local de filières et la création d'emplois de qualité ;

  • L’amélioration du confort thermique, de la qualité environnementale et sanitaire des bâtiments ;
  • La protection de la santé et de la sécurité des compagnons du bâtiment et des producteurs de matériaux ;
  • Le développement de filières complémentaires pour les agriculteurs et forestiers ;
  • La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ;
  • La diminution des consommations d’énergie et de ressources fossiles.

Les objectifs de ce projet d'étude vont bien au-delà puisqu'il propose d'étudier les impacts écologiques, sociaux et sociétaux du développement des agro-matériaux :

·         La concurrence entre les terres destinées à la production d'agro-matériaux et les terres à vocation alimentaire (pour des plantes qui seraient cultivées dans le seul but de produire des matériaux de construction tels que le chanvre ou le miscanthus, par exemple) ;

·         le maintien d'une agriculture peu ou pas soutenable, en raison en particulier d’un taux trop faible de réintroduction de la matière organique dans les sols (notamment les pailles), avec pour conséquence une détérioration des sols ;

·         La concurrence avec l'utilisation énergétique de la biomasse issue de l’agriculture, qu’il s’agisse de grains, de coproduits tels que la paille ou de cultures dédiées à l’énergie, sachant que ces applications entrent dans le cadre du développement des énergies renouvelables et, par-là, de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ;

·        La concurrence avec la préservation d'espaces à forte valeur environnementale et l’impact sur la biodiversité.