Le Design Coopératif Opérationnel dans les pratiques professionnelles autonomisantes en architecture.Pour une approche sociotechnique de la durabilité

Thèse préparée par Iness Tkhayyare

• Titre de la thèse : Le Design Coopératif Opérationnel dans les pratiques professionnelles autonomisantes en architecture. Pour une approche sociotechnique de la durabilité
• École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (TESC)
• Date de la première inscription en doctorat : octobre 2024
  
• Soutenance prévue en : octobre 2027
• Financement : Autofinancement

Encadrement

• Directeur de thèse : ESTEVEZ Daniel, Professeur Théorie et Pratique de la Conception à l’ENSA Toulouse
• (co)Directeur(trice) de thèse : MALTERRE BARTHES Charlotte, Professeur École Polytechnique Fédérale de Lausanne

Comité de thèse

• Matthieu DUPPEREX, Maitre de conférences en Sciences Humaines, ENSA Marseille
• Americo MARIANI, Docteur en sociologie, Université Toulouse 2 Jean Jaurès

Planning des réunions sur la période 20xx-20xx

Planning des déplacements hors laboratoire

• Participation à des séminaires, des colloques, des journées d'études : 8e Rencontres Doctorales Nationales en Architecture et Paysage - 16 et 17 octobre 2025, ENSA Versailles

Résumé

Cette thèse interroge les conditions d’une méthode de conception architecturale située et coopérative à partir des pratiques habitantes, dans le contexte des projets de rénovation urbaine en France. Elle s’appuie sur deux terrains contrastés : le quartier du Mirail à Toulouse, marqué par des démolitions massives et une histoire longue de luttes locales, et le quartier de la Noue à Montreuil-Bagnolet, où les habitants s’organisent face à une concertation jugée opaque. Ces deux cas sont inscrits dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU), dont les effets sont aujourd’hui fortement critiqués pour leur inefficacité sociale et écologique (Epstein, 2013 ; Adam, 2024 ; Concheiro,2025).

Méthodologiquement, la recherche articule observation ethnographique, entretiens semi-directifs, relevés multimédias, et développement d’un outil numérique expérimental. Cette plateforme permet de représenter les usages, conflits et formes d’appropriation invisibilisées dans les approches classiques de la planification urbaine. Elle accompagne une démarche de recherche-action menée avec des collectifs d’habitants sur les deux terrains, dans une logique d’élaboration partagée du sens et de soutien aux initiatives locales.

Le cadre conceptuel articule quatre notions : participation, usage, autonomie et durabilité. La participation y est critiquée dans sa forme institutionnelle, souvent réduite à une fonction de légitimation sans réel pouvoir d’agir (Carriou, 2020 ; Loisel & Rio, 2024). En réponse, la thèse propose de considérer les pratiques habitantes comme des formes de conception en acte, rejoignant les réflexions sur l’empowerment (Bacqué, 2015), l’autonomie (Berlan, 2021) ou l’“architecte illégal” (Hill, 2000). Ces pratiques sont analysées comme moteurs d’innovation située (Akrich, 2006) et de production collective de l’espace, à travers des formes d’adaptation, de détournement ou de lutte. L’objectif est de proposer une méthode de conception coopérative, un « design coopératif opérationnel » intégrant les usages dans toutes les phases du projet. Ce modèle s’appuie sur une conception évolutive (Hertzberger, 1991 ; Estevez, 2015), attentive à la performance réelle des lieux, aux conflits d’usage et à la dimension située des savoirs. L’outil numérique développé dans ce cadre n’est pas neutre, mais pensé comme un médiateur social structurant l’accès au projet. Enfin, la durabilité est pensée dans une perspective élargie, liant écologie et justice sociale. En opposition aux logiques extractives de la démolition-reconstruction, la thèse valorise les pratiques de soin, d’entretien et de transformation progressive des lieux (Bonnet, Landivar & Monnin, 2021 ; Malterre-Barthès, 2024 ; Druot, Lacaton & Vassal, 2007).

Mots-clefs

conception architecturale, coopération, socio-technique, recherche-action, innovation sociale