Soutenance de thèse de doctorat en architecture de Natacha Issot, le 12 septembre 2024, au LRA

Les grands ensembles représentent un patrimoine « du quotidien », de « l’ordinaire », peu reconnu par le grand public, et reconnu dans une certaine mesure, par les institutions, majoritairement via le label Architecture Contemporaine Remarquable (ACR). Ces amorces de reconnaissances n’empêchent pas la poursuite des politiques de ‘démolitions-reconstructions’, les travaux drastiques, et des prises de décisions parfois contradictoires avec ce qui fait leur identité ou leur qualité. Leur caractère récent et habité interroge tant sur leur conservation que sur leur évolution, et se traduit bien dans les politiques mises en œuvre. Ils sont confrontés à la fois à la nécessité d’évoluer, de s’adapter (aux nouveaux besoins de confort, aux usages, et aux nouvelles règlementations), ainsi qu’à des qualités et une identité pas toujours identifés ou prises en compte. Cette tension entre une patrimonialisation complexe et une évolution nécessaire, mais la plupart du temps décontextualisée des singularités de terrain, nous pousse à poser la question suivante : Quels moyens pourraient être mis en œuvre pour penser la patrimonialisation et la réhabilitation des grands ensembles de logements en France ?

Nous avançons l’hypothèse qu’il est nécessaire de mettre en place une patrimonialisation dite ‘alternative’ qui s’intéresse aux qualités intrinsèques et aux singularités dans toutes leurs dimensions, et qui soit directement liée au processus de réhabilitation. Nous proposons l’étude de ce « patrimoine de l’habiter » par le prisme des usages, de la valeur d’usage, et de leur poursuite, comme moyen d’une évolution des grands ensembles plus ancrée dans leurs besoins. Enfn, nous identifons la nécessité d’une culture commune, et de l’étude de leur identité, des besoins et orientée vers le futur. Pour cela nous proposons l’étude du cas Ancely, un grand ensemble situé à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, construit dans la seconde moitié du XXe siècle, labellisé ACR et au cœur de mutations urbaines, bâties, et sociales, nécessaires à étudier, documenter et surtout inscrire dans un processus de transformations globales. Pour cela, la thèse vient articuler de nombreuses sources théoriques, savantes et directes autour de diférentes disciplines, mais majoritairement regardées depuis celle de l’architecture. Nous interrogeons les méthodologies, outils, moyens de connaissances et de représentations des espaces habités et de la valeur d’usage. Nous proposons la mise en place d’une méthodologie basée sur un travail de terrain, favorisant une stratégie inscrite dans les réalités d’un site en particulier. Cette méthodologie passe par des observations de terrains, des relevés habités (de l’échelle du grand ensemble, à l’échelle des appartements et des micro-situations), mais également par la réalisation d’entretiens semi-directifs auprès d’habitants ou d’acteurs ressources. Un des objectifs de la thèse est de prendre en compte les usages sur le temps long autour de la fabrication d’un outil qui permette l’évolution du grand ensemble.

La thèse se compose de trois grandes parties : la première se concentre sur la dualité entre patrimonialisation et réhabilitation de manière théorique et pratique, la seconde propose une méthodologie d’approche de la valeur d’usage et résume les observations et conclusions de celle-ci à Ancely, et enfn la troisième partie propose un plan guide de la valeur d’usage au cœur du projet de transformations, dans une traversée des échelles. La thèse propose de placer les usages au coeur des réféxions et des analyses, pour permettre la mise en place d’un autre système de valeurs, pour la réhabilitation et la patrimonialisation des grands ensembles. Plus largement elle questionne la défnition de la notion de valeur d’usage. 

Mots clés : 
patrimonialisation, réhabilitation, valeur d’usage, grand ensemble, patrimoine de l’habiter, transformations

La soutenance est publique